La Génération Perdue

Il y a quelque temps, je discutais avec une apprentie. Elle m’expliquait qu’en plus du droit commercial et de la comptabilité, elle avait des cours d’informatique : Word, Excel, Powerpoint. Powerpoint ? Ma curiosité fut piquée :

– Expliquez-moi, que faites-vous durant ces cours ?

– On nous apprend à mettre des images, du texte, à faire des animations et des transitions entre les pages.

– Aha ? Très bien ! Et comment est jugé votre travail ?

– Alors nous recevons le résumé d’une entreprise et nous devons la présenter en faisant un Powerpoint.

– Et vous faites une présentation devant la classe ?

– Non, non. On l’envoie par mail au prof.

– Euh… Vous faites une présentation mais vous ne la présentez pas ?

– Bah non. Ce serait trop long si chacun devait présenter, non ?

Powerpoint, Keynotes, Prezi, bref, les presenterware, sont des outils visuels servant de support à un orateur. C’est comme cela qu’ils ont été conçus. Or nos enseignants, tout bien intentionnés qu’ils sont, forment une génération à les utiliser comme un Word amélioré. Qu’on peut projeter sur écran. Et animer. Trop cool !

C’est une Génération Perdue que nous sommes en train de créer, à qui on a enseigné à conduire une voiture en ne lui montrant que la marche arrière.

Aujourd’hui, un DRH qui se respecte ne recevrait probablement pas un candidat n’ayant l’inéluctable sésame Word-Excel-Powerpoint sur son CV. Mais si cette vaillante génération 2.0 sait formater des en-têtes de paragraphes en un demi-clic, elle peine à différencier censé de sensé. Car Word ne sait faire la distinction. Et si elle connait tout de la mise en forme conditionnelle, elle hésite à diviser mentalement 512 par 8. Plus grave, selon moi, cette génération se voit enseigner Powerpoint à l’encontre du bon cens. Pardon, sens.

Le résultat ? Des listes à puces et des textes sans fin. Le besoin de caser sur cette maudite slide absolument TOUT ce que l’on sait du sujet. De peur d’oublier quelque chose. Ou de paraître moins performant que le collègue précédent. Et que capte l’audience ? Submergée par de l’Arial corps 14 et des puces de troisième niveau, elle sombre dans une douce léthargie ou se plonge discrètement dans la lecture de ses mails. D’outil de communication, le presenterware devient un objet de détestation, d’angoisse viscérale à la phrase « Pour cette réunion, j’ai préparé un Powerpoint qui…. »

Nous avons appris à écrire à l’école. Nous avons appris à calculer à l’école. Mais qui nous a enseigné à communiquer ?

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