C3, C5 touché, coulé : récupérez votre audience

On me demande parfois comment gérer ceux qui ne vous écoutent manifestement pas alors que vous présentez fièrement la stratégie ERP que vous avez mis 6 mois à développer. Plus 2 mois pour préparer le powerpoint. C’est vrai que c’est agaçant de réaliser que certains dans la salle ne partagent pas votre enthousiasme pour le sujet de votre présentation. Ils chuchotent entre eux, ils tapent leur mail ou ils regardent des vidéos de chatons sur youtube en pouffant, mode « il est trop gnon le petit qui tombe dans son écuelle de lait ».

Alors que faire ?

Comme disait Darwin, il faut savoir s’adapter. S’ils sont 200 dans la salle (bon, c’est pas tous les jours non plus), oubliez les inattentifs, tant pis pour eux.

Si la taille de l’audience est gérable, j’aime bien adopter la stratégie Defcon. Vous savez, entre les Russes et les Américains, avant de s’envoyer des ogives balistiques de 300 kilotonnes, on monte progressivement en puissance. Je sors mes avions si tu sors les tiens. J’ouvre les trappes de mes silos à missiles si tu ouvres les tiennes. Vous avez compris le principe.

Donc, avant de nucléariser votre collègue avec la question « Ça ne vous intéresse pas ? », vous pouvez adopter quelques tactiques plus soft :

1. Le silence. Taisez-vous quelques secondes et regardez l’audience en souriant. Les gens ont horreur du silence. Il y a des chances pour que le lecteur de sms se dise « Tiens, c’est bizarre, il cause plus ».

2. L’effet cocktail. C’est un syndrome qui fait que si vous êtes à un cocktail, il suffit que quelqu’un prononce votre nom au milieu du brouhaha pour que vous tourniez la tête. Donc « Comme le faisait justement remarquer Jacques il y a 10 minutes… » va très probablement indiquer au Jacques (prénom d’emprunt) que c’est bon, ça suffit maintenant.

3. La question bataille navale. Plutôt que de poser une question directement au Jacques, posez-en une à son voisin de gauche (Qu’en pensez-vous ?) puis à son voisin de droite (Et vous ?). Si le gars est pas trop idiot, une petite voix lui dit « Last call for passenger Jacques : la suivante est pour toi ».

En fin de compte, si vous perdez votre audience, posez-vous quand même la question de savoir si ce n’est pas vous qui n’avez pas su rendre le sujet intéressant. Vous me direz que ce n’est pas au moment de la présentation qu’il faut se poser la question. D’où l’intérêt d’avoir bien préparé sa structure, son storytelling et ses dias.

Et je ne résiste pas à la tentation de partager cette anecdote du chargé de cours chez IMD (vous savez, ceux qui forment les super-managers de demain). Un des étudiants s’était profondément assoupi et le professeur exaspéré s’adresse au voisin du fautif :

– Vous pouvez réveiller votre voisin ?

Réponse :

– C’est vous qui l’avez endormi, c’est vous qui le réveillez.